Enfants et écrans : On est face à un problème majeur de santé publique

Enfants et écrans : On est face à un problème majeur de santé publique

Le journal Le Parisien observe que « l’inquiétude grandit face à l’impact des écrans sur les plus jeunes. Une étude de l’université de Rennes, présentée ce mardi par Santé publique France, établit que les petits qui regardent les écrans le matin ont trois fois plus de risque de développer des troubles du langage. Pire encore : si l’enfant ne parle pas de ce qu’il voit à l’écran avec ses parents, le risque est multiplié par six ».

Le quotidien relève notamment que « l’étude inédite montre que la durée n’est pas une question essentielle. «Peu importe le temps, explique l’autrice Manon Collet, médecin généraliste dans le bassin rennais. Le problème, c’est l’exposition dès le lever.» ».

Une hausse faramineuse des troubles du langage, de l’apprentissage, du comportement et relationnels

Lise Barthélémy, pédopsychiatre, note pour sa part : « Les écrans, le matin, les excitent toute la journée. En consultation, je vois des petits agités, des comportements brouillés ». Elle évoque « une hausse faramineuse des troubles du langage, de l’apprentissage, du comportement, relationnels. Parfois, je ne sais pas quel enfant j’ai devant moi ».

Le Parisien indique que « Michel Desmurget, docteur en neurosciences à l’Inserm, […] met en garde sur la consommation numérique qui « rend bête » nos enfants. La liste des risques, nous dit-il, est sans fin. Tous les piliers du développement sont affectés ».

Dans un entretien, le spécialiste souligne : « On sait déjà que l’exposition aux écrans, qui atteint aujourd’hui un niveau stratosphérique, favorise les troubles du langage. Mais cette étude est l’une des premières à montrer leur impact le matin. Ce temps d’échange, avant l’école, est essentiel autour du petit-déjeuner. Plus on parle à l’enfant, plus son intelligence va se développer ».

« En le mettant devant un écran, vous le privez d’une discussion quotidienne. Ce sont des milliers de mots qu’il n’apprendra pas. Si vous échangez beaucoup avec lui, il connaîtra 1100 à 1200 mots, à 3 ans, si vous parlez peu, seulement 500 », poursuit-il.

Michel Desmurget ajoute que « d’autres études ont montré que ce retard était ensuite plus difficile à rattraper. Ne faites pas peur aux parents, je ne dis pas que c’est impossible. Mais le déficit de départ tend à croître avec le temps et à donner un lexique et une syntaxe plus pauvre. Si vous touchez au langage, vous touchez au cœur de l’intelligence humaine ».

Il constate qu’« on est en train de faire du mal à toute une génération de gamins nés après 2000. En France, ils sont 750.000 à 800.000, âgés de 4 à 10 ans, à être encore devant la télé à 22h30 ! J’ai comparé les versions de 1962 et de 2006 du Club des 5 et du Trésor de l’île. En 40 ans, 40% du vocabulaire a disparu ».

Zéro écran jusqu’à 6 ans

Le Parisien demande : « Pas d’écran avant 3 ans comme le disent les autorités de santé, c’est donc la règle absolue ? ».

Michel Desmurget répond que « cette limite d’âge est une jolie arnaque marketing. […] En réalité, les écrans sont aussi délétères à 2 ans qu’à 4 ans. Qu’importe leur âge, les enfants ne doivent pas être exposés à la télé, aux tablettes, aux smartphones. Pour moi, c’est zéro écran jusqu’à 6 ans. La liste des risques est longue comme le bras : problèmes de langage, d’attention, de mémorisation, d’obésité. On est face à un problème majeur de santé publique ».

De son côté, Libération titre : « Les écrans coupent-ils la parole aux plus petits ? ».

Le journal remarque ainsi : « Et vlan, une pierre de plus dans le jardin de ceux qui crient aux dangers des écrans pour les enfants, quand ils ne pronostiquent pas carrément une Fabrique du crétin digital tel Michel Desmurget, docteur en neurosciences à l’Institut des sciences cognitives de Lyon ».

Le quotidien explique aussi que « conduite par une équipe de Rennes (Université, Inserm, Santé publique France), une étude rendue publique ce mardi par le Bulletin épidémiologique hebdomadaire le pointe : les enfants exposés aux écrans le matin avant l’école et qui discutent rarement voire jamais du contenu de ces écrans avec leurs parents multiplient par six leur risque de développer des troubles primaires du langage ».

Libération retient que « cette étude, après avoir établi une mauvaise «connexion» entre exposition aux écrans (notamment le matin, car l’enfant épuiserait alors son attention, et serait moins apte aux apprentissages de la journée) sans discussion avec les parents sur le contenu de ces écrans et troubles primaires du langage, évoque un «problème de santé publique» ».

A propos

Médecin Généraliste Diplômé des Facultés de Médecine de Strasbourg et de Lyon DIU de sexologie

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